VỌNG PHU
Avant de me quitter ainsi que mon enfant,
Mon mari m’a promis d’un ton inquiétant
De revenir sans doute au bout de cinq années.
Mais lorsqu’il est parti pour de belles contrées
Je souhaite et j’attends vainement son retour,
Tout en vaillant la nuit, en travaillant le jour.
Et lasse d’insomnie et de douleur amère,
Lasse d’attendre enfin, je quitte ma chaumière,
Autrefois nid d’amour, aujourd’hui lieu désert,
Pour le plus haut sommet d’un mont brillant et vert.
De la chaîne longeant la vaste mer de Chine,
Là, dans la solitude effrayante et divine,
Pour serre-tête, j’ai le blanc de l’infini
Et, pour siège éternel, un morceau de granit.
Là, restant au milieu des plaintes incessantes
Des flots bleus agités sous mes jambes tremblantes
Je cherche au loin, parmi les bateaux que j’ai vus
La voile d’Amour qui ne reviendra plus.
A force d’allaiter mon enfant en bas-âge,
A force d’aspirer la mousson et l’orage,
A force d’avaler la pluie et la chaleur
Je me transforme en pierre où s’éteint mon malheur.
Tel est le dur destin auquel le Ciel me plie,
Destin où, pour toujours, sombre ma triste vie.
O mère, Vọng Phu, Sainte femme
Modèle de fidélité
Qui vivez toujours dans notre d’âme
Parlez-nous de l’éternité.
Châu Kim Đặng (Hanoi le 31-12-1923)
Quelques vers d’un étudiant
Imp. Duc Luu Phuong, Saigon, 1932, p. 9-10.
Modèle de fidélité
Qui vivez toujours dans notre d’âme
Parlez-nous de l’éternité.
望 夫 母 女 聖
模 形 貞 節 性
長 久 存 於 我
報 向 永 恆 靈
Vọng Phu mẫu ! nữ thánh
Mô hình trinh tiết tính
Trường cửu tồn ư ngã
Báo hướng vĩnh hằng linh.